Six syndicats de France Telecom ont écrit au PDG du groupe Didier Lombard pour dénoncer la situation de souffrance au travail au sein de l'entreprise, qui a poussé 18 salariés à mettre fin à leurs jours.
France Telecom rime avec mal-être, stress et pression sur les salariés. Une image déplorable pour cette entreprise et une situation intolérable pour les 100 000 salariés qu'elle emploie.
Le 14 juillet dernier, un salarié s'est suicidé à son domicile à Marseille, mettant cause "la surcharge de travail" et "le management par la terreur". Depuis 2008, 18 employés ont mis fin à leur jours et une dizaine d'autres auraient tenté de le faire. Un geste désespéré qui reflète l'état d'esprit d'une partie des employés de France Télécom.
Depuis son ouverture de capital et sa privatisation, l'entreprise ne semble jurer que par rentabilité financière, et ce par tous les moyens, quitte à rendre les conditions de travail insupportables pour ses salariés.
"Aujourd'hui, dans l'entreprise, les gens se sentent désemparés (...) C'est lié à la volonté de la direction que le management soit tourné vers les objectifs, sans prendre en compte le facteur humain" expliquait à l'AFP Patrick Diochet de la CFTC.
Selon les syndicats, de nombreux salariés ont reçu des pressions pour partir, notamment parmi les fonctionnaires, les employés les plus âgés ou encore les mères de famille avec plusieurs enfants à charge. Dans les centres d'appels, les employés subissent une forte pression pour prendre toujours plus d'appels au détriment de la relation client. Des centres d'intervention techniques sont également régulièrement fermés, ce qui oblige certains salariés à parcourir un très long trajet pour se rendre à leur travail.
La direction sommée de réagir
Les 6 syndicats demandent au PDG Didier Lombard de prendre en considération le problème des suicides de salariés et de la souffrance au travail.
"Nous vous demandons de montrer clairement aux salariés que vous êtes déterminés à chasser la souffrance au travail de notre entreprise" et de "protéger la santé physique et mentale des salariés".
Selon l'AFP, les syndicats dénoncent "l'intensification du travail", les "suppressions d'emplois", les "changements de métier", les "mobilités contraintes", les "pressions sur les départs", la "perte d'identité de nombreux métiers" et le "management par l'intimidation".
Les syndicats demandent d'inscrire à l'ordre du jour du Comité national pour la santé, l'hygiène, la sécurité et les conditions de travail du 10 septembre prochain la question des suicides à France Télécom. La réaction de la direction se fait attendre.
