En Bretagne, un cheval est mort après s'être enlisé dans une zone envahie par les algues vertes : il a été atteint d'un oedème pulmonaire provoqué par l'hydrogène sulfuré émis par la décomposition des algues. L'inquiétude et la polémique enflent.
La Bretagne souffre plus que jamais de la prolifération des algues vertes. Ces algues s'épanouissent grâce à l'apport massif de nutriments type azote, phosphore et nitrate, provenant de la surfertilisation des sols agricoles bretons et des nombreux élevages porcins de la région.
Ces algues provoquent l'eutrophisation de l'eau, c'est-à-dire qu'elles privent d'oxygène l'environnement aquatique dans lequel elles s'insinuent ; de plus leur putréfaction dégage de l'hydrogène sulfuré. Ce dernier n'a pas que le désavantage de sentir mauvais, il est également très nocif pour les espèces vivantes et la santé humaine.
L’hydrogène sulfuré est un gaz toxique qui pénètre par les voies respiratoires : il peut provoquer des intoxications aiguës, des pertes de connaissance à partir de 500 ppm et une mort rapide en cas d'inhalations avec une concentration supérieure à 1000 ppm.
C'est à priori ce qui s'est produit pour le cheval qui s'est retrouvé enlisé, dont l'autopsie a révélé un oedème pulmonaire. Son propriétaire, qui tentait de tirer le cheval par la bride a subi un violent malaise avec convulsions. Il a été sauvé, mais ne veut pas en rester là.
Il a décidé de porter plainte, et son avocat se dit choqué de la réaction de l'Etat, qui considère "que c'est un accident d'un particulier sur une plage". "Les professionnels de santé considèrent que c'est un problème de santé publique" affirme-t-il.
L'Etat déjà reconnu coupable
Un problème de santé publique, une pollution massive des cours d'eau et du littoral, la Bretagne s'embourbe dans ces algues vertes produites par l'irresponsabilité de certains agriculteurs et de l'Etat.
En 2007, l'Etat a été reconnu coupable par le tribunal administratif. "La carence de l’Etat dans la mise en œuvre des réglementations nationale et européenne constitue une faute de nature à engager sa responsabilité, et que cette faute est en relation directe avec la pollution nitratée des eaux à l’origine du phénomène des marées vertes dans les baies de Saint Brieuc et de Douarnenez" déclarait le tribunal.
Il a également a été condamné en 2008 par la Cour de justice européenne pour la non application des règles européennes en matière de lutte contre la pollution de l’eau aux nitrates, notamment en Bretagne.
Dans le cadre du Grenelle de l'environnement, la mise aux normes des stations d'épuration, la lutte contre la pollution des cours d'eau et la réduction de l'utilisation des engrais et pesticides dans l'agriculture font partie des priorités. Les promesses seront-elles tenues ? Il y a urgence en Bretagne.