Après la fuite de 400 tonnes de pétrole dans la Loire en 2008 provenant du site de Donges, l'explosion qui a fait 2 morts et 6 blessés à Carling la semaine dernière, une fuite de pétrole lourd s'est produite hier à Gonfreville l'Orcher.
Les accidents se multiplient sur les sites de Total, de surcroît en pleine période de procès AZF.
Pour ce dernier, le jugement sera rendu en novembre et statuera sur les différentes responsabilités dans l'explosion de l'usine de Total à Toulouse, qui avait tué en 2001 31 personnes et fait 2 500 blessés.
On aurait pu penser que Total aurait redoublé de vigilance et assuré une sécurité optimale au sein de ses différents sites dans cette période très sensible, mais les faits démontent cette hypothèse.
Des accidents, des morts, des blessés, des pollutions
L'incident qui s'est produit hier à Gonfreville l'Orcher a provoqué la fuite de pétrole d'une des cuves de stockage de la raffinerie Total dans un bac de rétention. La fuite serait sous contrôle et selon les autorités, n'aurait pas de conséquences pour l'environnement et les riverains. Mais c'est l'incident de trop.
Il s'inscrit dans une longue série : 400 tonnes de fioul lourd déversés dans la Loire en 2008, un salarié retrouvé mort dans la raffinerie de la Mède début janvier 2009, 1 mort et 5 blessés lors d'une explosion dans un atelier de maintenance à Fort-Mardyck près de Dunkerque quelques semaines plus tard, 2 morts et 6 blessés suite à l'explosion d'un surchauffeur à Carling la semaine dernière. En ajoutant la catastrophe de l'Erika, où Total a été reconnu coupable, et les différents accidents survenus à l'étranger, comme l'incendie du dépôt de carburant de Buncefield en 2005 où Total a été condamné à 800 millions d'euros, la liste est bien trop longue.
Des sites qui font peu de cas de la prévention
Concernant l'accident qui s'est produit hier à Gonfreville, France Nature Environnement explique que la situation était déjà critique en 2005. Le procès verbal du 11 février 2005 démontrait que "des tests de remplissage des cuvettes à l’eau ont montré…que l’étanchéité exigée…est toujours défaillante pour les cuvettes suivantes..."
"Le peu de réactivité dont a témoigné l’exploitant n’est évidemment pas en rapport avec le potentiel de danger que représente cette unité. Sur le plan technique, la défaillance d’une cuvette de rétention entraînerait la création d’une nappe (de GPL) libérant un nuage explosible sur une surface trop grande et de fait non maîtrisable" ajoute l'inspection.
Selon Raymond Léost, administrateur de France Nature Environnement, "sur le plan des écarts à la réglementation, Total est trop souvent présent, ce qui est d’autant plus choquant de la part d’un groupe qui dégage des bénéfices records au plan mondial. Les choses doivent être repensées dans ce groupe en matière de politique de prévention, sans plus attendre".
France Nature Environnement demande "à ce que la puissance publique n’attende pas de nouveaux drames et fasse un état des lieux des installations détenues par Total et ses filiales sur le sol français".