Près de 8 % des pompes à essence dans l'hexagone proposent du carburant SP95-E10, l'objectif du gouvernement étant fixé à 70 % d'ici la fin de l'année. Cet agrocarburant vendu comme "vert" est pourtant plus que contestable.
Le carburant SP95-E10 est composé à 10 % d'éthanol et à 90 % d'essence sans plomb. Les objectifs fixés par le Grenelle de l'environnement sont d'incorporer 7 % de biocarburants dans la consommation française à l'horizon 2010 et 10% en 2015. Au mois de mai 2009, la consommation d'E10 représente 7 % de l'essence consommée.
Le carburant E10 absolument pas vert
Le biocarburant éthanol, fabriqué à partir d'alcool de betteraves ou de céréales, n'a rien de bio ni de vert. Il a la particularité de faire l'unanimité parmi les écologistes en sa défaveur.
Sa production nécessite de grandes surfaces agricoles acquises par la déforestation.
L'agriculture intensive pratiquée pour la croissance rapide des plantes utilise des doses massives d'engrais chimiques et de pesticides, sans compter l'eau et l'énergie consommée ainsi que le transport nécessaire à l'acheminement de l'E10, émetteurs de gaz à effet de serre.
Les agrocarburants sont également accusés de participer à la crise alimentaire mondiale, prélevant notamment 100 millions de tonnes de céréales sur le marché alimentaire mondial pour nourrir les automobiles.
Une étude de l'Union Mondiale pour la Nature (IUCN) révèle que les espèces végétales utilisées pour la fabrication de biocarburants sont majoritairement des "espèces envahissantes", qui mettent en danger la biodiversité.
"Les agrocarburants ne sont en aucun cas la réponse à nos besoins énergétiques", déclarait Nicolas Hulot. "Cet entêtement sur nos agrocarburants a d'ores et déjà en Afrique et dans d'autres pays des conséquences absolument tragiques (...) sur l'accroissement de la misère et de la famine : cette compétition d'usage des sols est inacceptable" avait-il martelé.
"Depuis que je m'intéresse à l'environnement, j'ai déjà eu la "chance" d'observer des décisions irrationnelles ou des choix sans avenir. Mais celui-ci vaut tout spécialement le détour" explique dans son blog Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement (FNE).
"Ca n'a aucun sens écologique et en plus, ce n'est pas rentable économiquement" affirme Sébastien Godinot de l'association Les Amis de la Terre. "L'impact pour l'environnement n'est même pas intéressant" confirme Raphaël Claustres du CLER (Comité de Liaisons Energies renouvelables).
Seule la filière d'éthanol française, regroupant les producteurs de betteraves, de céréales et d'éthanol, se réjouit de la progression des ventes de l'E10 : de 7,4 millions d'hectolitres en 2008, les elles devraient progresser à 10 millions d'hectolitres en 2010, soit 600 millions d'euros de chiffre d'affaires.