La préfecture du Rhône a annoncé la levée partielle des interdictions de consommation de certaines espèces de poissons du Rhône et de la Saône. Une décision contestée par les associations.
La consommation du poisson pêché dans le Rhône est interdite depuis 2006 à Lyon et 2007 pour tout le fleuve.
Des plaintes avaient été déposées dès 1983 par France Nature Environnement (FNE) et la Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature (Frapna) pour des pollutions au PCB provenant des industries du bassin du Rhône.
Cette molécule chimique, appelé Pyralène et fabriquée par l'entreprise américaine Monsanto a été interdite en 1987 en France. Le PCB a été notamment utilisé en tant que lubrifiant dans les transformateurs et les condensateurs électriques. Très résistant dans le temps, il se retrouve dans les rivières, les sols, les sédiments, l'air et se fixe dans les chairs des poissons.
Les PCB sont des perturbateurs endocriniens, particulièrement dangereux pour les enfants et les femmes enceintes, pouvant provoquer des troubles neurologiques, des atteintes du système immunitaire chez le nourrisson et favoriseraient le développement de cancers.
Levée partielle des interdictions
Les zones du barrage de Sault-Brenaz (Ain) à la confluence Rhône-Saône (Lyon) et de la confluence Rhône-Saône à la confluence Isère-Rhône (au nord de Valence) sont concernées par les levées d'interdiction de consommation de certaines espèces de poissons.
Les silures, les tanches, les carpes, les anguilles, les barbeaux, brèmes et brochets restent interdites à la consommation. Toutes les espèces sont interdites entre les zones de Saint-Vulbas (Ain) et Loyettes (Ain).
Contestation des associations
Les associations FNE et Frapna s'insurgent contre ces réouvertures "scientifiquement contestables" et dont les décisions ont été prises de façon "unilatérale et sans consultation". Selon elles, ce sont les pressions des fédérations de pêche qui ont aboutit à ces levée partielles d'interdiction, au détriment d'une étude sanitaire fiable.
L'Etat était censé compenser financièrement les pertes relatives à l'arrêt des achats de cartes de pêche, "ce qui n'a toujours pas été fait" rappellent les associations.
Cette réouverture partielle de la pêche laisse sceptique, les poissons pouvant se déplacer dans les zones interdites : même à faible dose, le PCB a des effets de perturbateur endocrinien. De surcroît, des études sont en cours sur d'autres polluants présents dans les poissons : les pesticides et les métaux lourds.
Le député UMP du Rhône Philippe Meunier accuse "l'immobilisme" et le "manque de réactivité" des pouvoirs publics face à la pollution au PCB.
"Il y a dans l'administration, une absence d'organisation rationnelle pour faire face à ce type de pollution, puisque quatre ministères sont concernés. La réaction des pouvoirs publics a tardé, déplore le député. Dès 1986, il y a eu une première alerte à la pollution. L'Etat n'a pas été capable de prendre des mesures sur la consommation des poissons, qui étaient beaucoup plus contaminés qu'aujourd'hui" a-t-il déploré.
"La décontamination totale n'est pas envisageable. Cela coûterait 10 milliards d'euros. Et plus, on soulève les sédiments, plus on diffuse la pollution" a-t-il rappelé.