Entre 15 % et 20 % de salariés du Pôle Emploi ont fait grève hier pour dénoncer le manque de moyens qui les empêche d'assurer correctement le suivi des dizaines de milliers de chômeurs s'inscrivant chaque mois dans les agences.
Les salariés de Pôle Emploi sont stressés, écoeurés et fatigués. Ils défilaient hier, à l'appel des trois syndicats majoritaires (CGT, SNU et Sud Emploi) pour dénoncer l'insuffisance de moyens humains au sein des agences, qui ne leur permet pas de répondre aux besoins des demandeurs d'emplois, dont le nombre grossit chaque jour.
Formation insuffisante
La fusion ANPE-Assedic n'est pas sans difficultés, réunissant deux structures culturellement différentes. Les agents doivent désormais suivre chaque demandeur d'emploi, de son inscription jusqu'à son retour sur le marché du travail.
Ils doivent apprendre les indemnisations et l'accompagnement des chômeurs. Les formations à ces nouveaux métiers sont estimées trop courtes : elles durent quelques jours au lieu de 6 mois nécessaires, selon les agents du Pôle Emploi.
"Un agent qui n'a pas le temps, ou qui est mal formé pour calculer votre demande d'indemnisation, ou votre demande d'emploi est un agent stressé, qui n'est plus capable de faire le travail d'écoute du demandeur d'emploi" expliquait un élu syndical du comité d'hygiène et de sécurité.
Conseillers en sous-effectif et tension permanente
Les conseillers doivent faire face à un afflux massif de chômeurs, aux bénéficiaires du RSA et se préparer à l'arrivée de
600 000 jeunes sur le marché du travail en septembre. "Cette grève est un avertissement de la catastrophe sociale qui se prépare en septembre" ont affirmé les syndicats SNU-FSU.
Selon le secrétaire d'État à l'Emploi Laurent Wauquiez ,"Il y a 80 à 100 demandeurs d'emploi par conseiller, ce qui est inférieur à ce que l'on a connu dans le passé". Selon les agents du Pôle emploi, ce chiffre avoisine plutôt les 130 en moyenne, et peut atteindre plus de 200 dans certaines agences.
La tension est palpable lrosque l'on entre dans les agences Pôle emploi. Les files d'attentes sont interminables, les personnes chargées d'accueillir les demandeurs d'emplois débordées. Les conseillers n'ont souvent pas le temps de rencontrer tous les demandeurs d'emplois dont ils ont la charge. Alors qu'un entretien mensuel de 20 minutes devrait être effectué, les échanges se font souvent par téléphone et par email.
Au premier trimestre 2009, il y a eu 41 agressions physiques reconnues par Pôle emploi au niveau national, 5 suicides d'agents et 2 tentatives, ainsi qu'une explosion des agressions verbales et des insultes.
"On ne peut pas rendre le service qu'on attend de nous", "Les demandeurs d'emploi arrivent dans un état d'angoisse épouvantable et ne nous trouvent pas à la hauteur", "On ne peut pas suivre correctement les demandeurs d'emplois et on ne peut plus être humain avec ceux qui sont en détresse"... les mêmes constats reviennent inlassablement chez les agents de Pôle Emploi.
Laurent Wauquiez estime que l'embauche de 1 840 conseilleurs et 500 CDD pour la plate-forme téléphonique permettra de tenir en septembre. Ce que réfutent les syndicats et les agents.