Au lendemain de la Journée mondiale contre la maltraitance, le constat est amer. Le numéro 3977 mis en place pour les victimes de maltraitances est submergé d'appels depuis sa mise en place en février 2008 : déjà 63 000 appels en un peu plus d'un an.
Le succès du 3977 est le reflet d'une triste réalité et d'un malaise persistant.
Le 3977 est destiné aux personnes âgées et aux personnes handicapées victimes de maltraitances, aux témoins de situations de maltraitance, que ce soit l'entourage privé et professionnel, ainsi qu'aux personnes prenant soin d’une personne âgée ou handicapée qui rencontrent des difficultés dans l’aide apportée.
Lorsqu'il a été mis en place par la secrétaire d'Etat à la solidarité Valérie Létard en février 2008, il était destiné à recevoir 10 000 à 15 000 appels par an : ce sont 63 000 appels en 15 mois qui ont été recensés.
Négligences, brutalité, privations
La maltraitance peut prendre de nombreuses formes. Elle renvoie une diversité de situations allant de la négligence à la violence.
"Elle correspond le plus souvent à une succession de petits actes qui, réunis, créent les conditions de l’isolement et de la souffrance des personnes" explique le ministère de la solidarité. "Brutalité, sévices, infantilisation, humiliation, abus de confiance, défaut de soins, privation ou violation de droits...." les sources de maltraitances peuvent être nombreuses.
Selon l'Association pour la bientraitance des aînés et handicapés (Afbah) qui emploie les psychologues chargés de répondre au 3977, la maltraitance est souvent passive, plus souvent constituée de négligences que de volonté.
Les psychologues du 3977 peuvent recueillir des éléments administratifs concernant le plaignant. Ils transmettent ces données ensuite à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS), mais n'ont pas la possibilité d'effectuer un suivi des dossiers traités par la DDASS.
7 745 dossiers ont été ouverts par les salariés du 3977 : selon l'AFP, 1 sur 5 concerne des difficultés administratives ou conflits familiaux et 4 sur 5 des maltraitances. Ces dernières sont psychologiques dans un dossier sur quatre, financières pour 13 %, physiques pour 13 % ou le fait de négligences pour 16 %.
Manque de personnels hospitaliers
Claude Jarry, directeur de la FNADEPA (Fédération Nationale des Associations de Directeurs d'Etablissements et Services pour Personnes Agées) a déclaré récemment que "les établissements les mieux lotis" ont "une aide-soignante pour 12 personnes âgées et 15 minutes par toilette". "La première cause de maltraitance, c’est le manque structurel de personnel" selon lui.
"L’essentiel reste la nécessité d’augmenter le nombre de professionnels aidant les personnes âgées à domicile ou en établissement. C’est donc l’État qui est responsable de ces situations" estime Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service de personnes âgées (AD-PA).