Tous les salariés doivent travailler 7 heures gratuitement par an : l'argent cumulé de cette journée de solidarité est à destination des personnes âgées et des handicapés. Mais en récoltent-ils vraiment les fonds ?
Depuis 2004, le lundi de Pentecôte a connu des aléas : historiquement férié et chômé, il est passé en Journée de solidarité travaillée.
Devant l'obligation d'assouplir cette décision, les entreprises ont depuis 2005 le libre choix de faire travailler le Lundi de Pentecôte, de répartir les 7 heures de solidarité dans l'année ou sous forme de RTT. Et le Lundi de Pentecôte est redevenu en 2008 un jour férié, les écoles et les administrations étant fermées.
Ces 7 heures de travail gratuites permettent aux entreprises de reverser tous les ans un revenu de solidarité pour l'autonomie (CSA) de 0,3 % de la masse salariale à la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie (CNSA). Depuis 2005, le montant est estimé en moyenne à 2,25 milliards par an et près de 11 milliards d'euros au total.
60 % de ce montant est destiné aux personnes âgées (financement des établissements, allocation personnalisée d'autonomie...) et 40% aux personnes handicapées (établissements, services, maisons départementales des personnes handicapées...).
Polémique sur la destination des fonds
Selon l'AD-PA (Association des Directeurs au Service des Personnes Agées), 700 millions d'euros auraient été détournés par l'Etat depuis 2005. Pascal Champvert, son président, a déclaré à l'Humanité que "depuis 2005, 1,2 milliard d’euros n’ont pas été dépensés comme prévu."
"Une partie des crédits qui sont issus du jour férié supprimé vont à d'autres fins que ce à quoi ils étaient destinés au départ. On s'est rendu compte au fil des années que cet argent du jour férié a permis de faire faire des économies à l'Etat et à la Sécurité sociale, donc à boucher leur déficit" a-t-il déclaré au micro de France Info.
Selon l'AD-PA, "plus de 500 millions euros ont été consacrés à la construction de structures alors qu’ils devaient permettre le recrutement de salariés, et plus de 700 millions euros ont servi à diminuer l’engagement de l’Etat et de l’Assurance Maladie dans le secteur, au lieu d’améliorer les conditions de vie des personnes âgées vivant en établissement ou à domicile".
Ces 700 millions aurait été utilisés "pour faire des économies à la Sécurité sociale", financer le plan de relance à hauteur de 50 millions et d'autres postes à hauteur de 30 millions. Alors que les différentes structures d'accueil des personnes âgées manquent cruellement de moyens.
Claude Jarry, directeur de la FNADEPA (Fédération Nationale des Associations de Directeurs d'Etablissements et Services pour Personnes Agées) a déclaré que "les établissements les mieux lotis" ont "une aide-soignante pour 12 personnes âgées et 15 minutes par toilette". "La première cause de maltraitance, c’est le manque structurel de personnel" selon lui.