Le monde hospitalier est mobilisé contre la loi Bachelot "Hôpital, patients, santé, territoires". Accusée de mercantiliser la santé et de tuer l'hôpital public, elle est dénoncée par un appel de 25 grands médecins.
25 professeurs ont signé un appel publié hier dans le Nouvel Observateur, dénonçant la réforme défendue par la ministre de la santé Roselyne Bachelot et voulue par le chef de l'État Nicolas Sarkozy.
L'article n'est pas tendre pour la réforme, accusée de transformer l'hôpital en entreprise avec à sa tête un gestionnaire qui aurait les pleins pouvoirs, et pourrait n'avoir aucune compétence en santé : c'est lui qui décidera du projet médical de l'hôpital et de la nomination du personnel soignant.
"Cette loi cale l’hôpital sur l’entreprise. Elle donne tous les pouvoirs au directeur de l’Hôpital, nommé et révoqué par le directeur de l’Agence Régionale de Santé, lui-même nommé et révoqué par le Conseil des Ministres" déclarent-ils.
"Le maître mot n’est plus la santé mais la rentabilité. La préoccupation principale n’est plus le malade mais le compte d’exploitation de l’hôpital. Et les premières victimes en seront les patients et les soignants" dénoncent-ils, rappelant les "suppressions massives et injustifiées d’emplois d’infirmières et d’aides-soignants".
Le député de la majorité Bernard Debré l'accuse également d'être une mauvaise loi. "Nous sommes en révolte parce que nous croyons que le pouvoir qu'ont les médecins de proposer un projet médical pour l'hôpital ne leur appartiendra pas. Ce sera le directeur, avec une vision uniquement comptable", a-t-il déclaré sur France Info.
Roselyne Bachelot a lu avec "intérêt et étonnement" l'appel des professeurs et leur a répondu. "Que les médecins lisent la loi au lieu de la caricaturer. Ils verront alors que le pouvoir médical est désormais organisé et protégé alors qu'il n'était jusqu'alors qu'aux mains de quelques uns dans une organisation des pouvoirs opaque" écrit-elle à son tour dans le Nouvel Observateur.
Adopté par les députés, le projet de loi sera au Sénat le 11 mai prochain : il pourrait encore évoluer dans les mains des sénateurs.