Une étude de l'Institut national d'études démographiques (INED) et de l'INSEE a mesuré la participation des parents à l'ensemble des tâches quotidiennes liées à l'éducation des enfants. Les mères continuent à en assumer la plupart.
Mais où sont donc les pères modernes, qui s'occupent de l'éducation des enfants et des tâches ménagères au même titre que leurs compagnes ? L'enquête de l'INED démontre qu'ils représentent une énorme... minorité.
"En dépit d'une nouvelle conception de la paternité fortement médiatisée et du développement de l'activité féminine, la participation des hommes aux soins et à l'éducation des enfants progresse peu. S'occuper des enfants reste une prérogative féminine, la division sexuelle du travail parental se modifie lentement" explique l'INED.
Cinq actions clés d'une journée de parents ont été étudiées auprès de 1600 familles : l'habillage des enfants, l'accompagnement à la crèche ou à l'école, les jeux et les loisirs, les devoirs et le coucher.
Il apparaît que seuls les jeux et le coucher sont plus équitablement répartis entre les parents. Tout le reste, dont les nombreuses tâches domestiques (ménage, lessives, courses, vaisselle, soins aux enfants...) est très majoritairement assumé par les femmes.
Les hommes préfèrent jouer
Les hommes s'investissent plus dans les "activités ludiques, affectives et de sociabilité”. Leur implication varie en fonction du sexe et de l'âge de l'enfant. Le père s'occupera beaucoup plus d'un garçon que d'une fille : comportement que l'INED analyse par la peur de l'intimité avec le sexe opposé, et par l'envie de transmettre des comportements et des goûts à leurs fils.
L'enquête constate également que plus l'enfant grandit, moins le père s'en occupe. "Le père apparaît comme un acteur aidant à côté de la mère, qui assume autant que faire se peut les activités parentales" explique l'INED.
Il est à noter que l'investissement des pères varie en fonction de plusieurs facteurs : niveau social, âge, temps de travail... Une répartition plus équitable des tâches s'effectue si le père est jeune et le niveau d'études élevé.
Une conclusion des auteurs de l'étude abrupte et sans appel dépeint le tableau familial "moderne". "Les activités parentales quotidiennes participent sans aucun doute à la production et à la reproduction d'une socialisation sexuée et d'identités sexuées porteuses d'inégalités", estiment-ils.
Un tableau décrépit qu'il serait temps de faire évoluer, alors que ces 40 dernières années le taux d'activité professionnelle des femmes françaises a doublé, passant de 42 % à 82 %.