Le ministre de la Défense Hervé Morin a déclaré que 10 millions d'euros seraient débloqués pour l'indemnisation des victimes d'essais nucléaires dans le Sahara et en Polynésie.
Les essais nucléaires ont été réalisés par la France au Sahara et en Polynésie entre 1960 et 1996.
Il aura fallu attendre 50 ans pour qu'enfin le ministère de la défense reconnaisse et décide d'indemniser les victimes ayant été irradiées ou contaminées par des fuites radioactives et explosions souterraines.
Cependant, beaucoup de vétérans des essais nucléaires ne profiteront pas ou peu de cette indemnisation, à l'image de Jean-Louis Valatx, Président d'Honneur de l'association des vétérans des essais nucléaires (AVEN) décédé le 22 janvier dernier des suites de maladies radio-induites.
Le taux de cancers des vétérans s'élève à 35 %, soit le double de la population française à âge égal. De plus, les vétérans malades déclarent un à trois cancers ; leur taux de maladies du sang (leucémies, lymphomes…) est 25 fois supérieur à celui constaté en France.
"Environ 150 000 travailleurs civils et militaires sont théoriquement concernés, sans compter les populations qui vivaient au Sahara et en Polynésie à l'époque des essais. Une commission indépendante, constituée de médecins et présidée par un magistrat, examinera les dossiers au cas par cas" a déclaré Hervé Morin au quotidien le Figaro.
10 millions d'euros constituent "une première enveloppe" qui indemnisera les vétérans victimes de maladies figurant "sur une liste élargie de maladies - celle de l'ONU". L'Etat ne pourra refuser une indemnisation que s'il démontre que la pathologie dont souffre le demandeur n'est pas radio-induite.
L'AVEN avait adressé une lettre ouverte au ministre de la défense le 20 mars dernier, protestant contre l'absence d'information et de concertation de l'association des vétérans concernant la politique d'indemnisation.
"Je rappelle que nous sommes une association de victimes qui représente 150 000 personnes et qu’avec l’association Moruroa e tatou nous comptabilisons plus de 8 000 adhérents et qu’à ce titre nous méritons d’être particulièrement informés. Aujourd’hui, je ne sais pas si nos associations seront associées aux commissions d’indemnisation comme cela se pratique dans le fonds de garantie de l’amiante" a écrit Michel Verger, Président de l'AVEN, à Hervé Morin.
"J’élève une vive protestation contre le fait que la décision finale d’indemnisation ne soit pas, comme pour toutes les maladies professionnelles, décidée collectivement" a-t-il ajouté dans son courrier. Décidément et jusqu'au bout, les vétérans des essais nucléaires représentent les laissés pour compte de l'armée française.