La semaine de débats et de tables rondes sur l'enjeu majeur de l'eau dans le monde s'est achevée sur une déclaration finale particulièrement décevante. Le 5ème Forum mondial de l'eau frise l'échec.
Les 25 000 participants au Forum mondial de l'eau qui se tenait à Istanbul la semaine dernière n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la notion essentiel de droit d'accès à l'eau, réclamée par plusieurs pays, ONG et associations.
"Je suis déçue, car je pense que c’est un droit très important", a déclaré à ce sujet la secrétaire d’Etat à l’écologie Chantal Jouanno.
"L'accès à l'eau potable et aux systèmes sanitaires est un besoin humain fondamental" : la déclaration finale du Forum a abouti à cette insuffisante notion de "besoin", qui n'est une nouveauté pour personne et n'apporte aucune perspective de solution pour les différentes crises de l'eau actuelles et futures.
1 humain sur 3 n'a pas accès à l'eau potable dans le monde alors que 6;5 milliards de personnes peuplent la Terre : les perspective sont sombres, puisqu'il y aura 9 milliards d'humains en 2050 et que ce seront 2 hommes sur 3 qui subiront des pénuries d'eau.
De nombreuses problématiques ont été soulevées lors du Forum, sans apporter de solutions concrètes, de législations fortes ou de mise en place d'actions avec un suivi de leur déroulement. Le sénateur français Jean-François Legrand, qui a animé un collège de 300 parlementaires à Istanbul, estime la déclaration finale "incolore, inodore et sans saveur".
Cette dernière préconise la "modification de la consommation de l'eau", particulièrement dans l'agriculture, mais sans aucune précision. L'agriculture représente 70 % de la consommation mondiale d'eau ; l'élevage est un des secteurs les plus gourmands en eau, et l'augmentation de la consommation de viande dans le monde représente une forte pression sur la ressource en eau.
Le réchauffement climatique va accroître les pénuries d'eau, provoquant des tensions entre certains pays voire des conflits sur la gestion des ressources en eau, ainsi que des millions de réfugiés climatiques qui fuiront les pénuries.
De plus, l'assainissement de l'eau souffre d'une corruption accrue : cette question sensible a été abordée lors du Forum, mais sans proposition de solution.
L'enjeu de l'eau est vital, et l'ambassadeur de France pour l'environnement Laurent Stéfanini était inquiet à propos des suites du Forum. "Le risque est que tout le monde se quitte avec de bonnes idées ou de bonnes résolutions sans avoir les outils pour les mettre en oeuvre" avait-il déclaré, réclamant un véritable suivi des décisions entre les différents Forums. Craintes qui semblent malheureusement être confirmées.