La lutte contre l'obésité devient une "priorité de santé publique", mais l'Assemblée a rejeté l'amendement proposant l'interdiction des annonces pour les produits gras, sucrés et salés pendant les programmes de télévision pour les enfants.
Incohérence ? Victoire des lobbies de l'agro-alimentaire ? Pression des chaînes de télévision ? Le rejet de l'amendement Boyer, dans le cadre du programme de prévention de l'obésité, a suscité des débats houleux à l'Assemblée nationale.
Il visait à interdire la diffusion des publicités pour tous les produits "gras, sucrés, salés" à la télévision, pendant les 15 minutes précédant ou suivant un programme destiné aux enfants.
Cet amendement a été rejeté à une voix près, son auteur, Valérie Boyer, ayant voté...contre : attitude qui a déclenché l'ire de certains députés. "Céder aux lobbies nuit gravement à la santé de nos enfants", déclarait le député UMP Axel Poniatowski, quant un député socialiste ironisait en affirmant que "l'obésité sera une grande cause nationale mais certainement pas à l'Assemblée".
Dans une interview à Libération, Valérie Boyer se justifie. "Il ne faut pas s’arrêter à cet amendement retoqué" affirme-t-elle, ajoutant que le gouvernement allait "pouvoir entreprendre des campagnes de prévention. Ou travailler sur la question de l’acceptation des personnes obèses", qui subissent de nombreuses discriminations, notamment à l'embauche.
Les professionnels de l'agro-alimentaire, les publicitaires et les chaînes de télévision s'inscrivent dans une "charte de bonne conduite". "Ils se sont engagés notamment à financer, produire et diffuser des programmes éducatifs pour valoriser les bons comportements en matière de nutrition" explique Valérie Boyer. Mais cette charte n'est pas contraignante. La députée UMP estime "que les chaînes de télévision ont tout intérêt de s’engager elles aussi dans ce combat. Question d’image".
En France, 16 % de la population est obèse, et une augmentation importante du nombre de personnes en surpoids est constatée, notamment chez les enfants : en 20 ans, l'obésité infantile a augmenté de 17%. Si l'obésité apparaît avant la puberté, elle persiste dans 20 à 50% des cas à l'âge adulte.
Depuis 1992, la corpulence moyenne des hommes et des femmes augmente. La prévalence de l'obésité est passée de 5 à 10 % pour les hommes et de 6 à 10 % pour les femmes entre 1992 et 2003. Le surpoids touche 35 % des hommes et 21 % des femmes, les femmes obèses étant cependant plus nombreuses que les femmes en sous-poids.