Les ministres de l'environnement européens doivent se prononcer aujourd'hui à Bruxelles sur la clause de sauvegarde relative aux OGM de la Hongrie et de l'Autriche. Mais le président de la Commission José Manuel Barroso semble vouloir forcer la main.
Les polémiques sur la culture des OGM sont loin d'être achevées : Bruxelles veut obliger les pays membres réticents aux OGM à les cultiver.
L'Union Européenne est historiquement favorable aux OGM, et notamment à la culture du maïs génétiquement modifié MON810 de la firme américaine Monsanto, au cœur des débats.
Les avis de la Commission européenne reposent sur l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA), dont les méthodes d'études sont fortement remises en cause au sein de l'UE : elles se basent essentiellement sur les déclarations des firmes productrices d'OGM, et ne produisent aucune étude sur les effets potentiels des OGM à moyen et long terme.
Une révision des conclusions de l'EFSA, l'implication de scientifiques indépendants de chaque pays membres avec une évaluation des impacts environnementaux et sanitaires et moyen et long terme des OGM a été réclamée par plusieurs pays membres de l'Union, sans succès.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso se base uniquement sur les avis de l'EFSA, assurant que les OGM ne comportent aucun risque pour la santé humaine. Il menace de déposer une plainte à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) contre l'UE, et ne souhaite même pas attendre les derniers avis de l'EFSA sur les impacts environnementaux des cultures génétiquement modifiées, qui ne sont pas encore publiés.
Sa démarche est de vouloir forcer la main aux pays qui bénéficient d'une clause de sauvegarde sur les OGM, à savoir la Hongrie, l'Autriche, la France et la Grèce. Une démarche contreproductive, selon l'avis d'un diplomate français, d'autant plus que les européens sont majoritairement hostiles aux OGM, et que cette décision se fera à l'encontre d'une majorité de pays européens.
La décision de la levée des interdictions en Autriche et en Hongrie va être votée aujourd'hui à la majorité qualifiée, qui s'élève à 255 votes sur 345 suffrages, le nombre de voix étant proportionnel à la population de chaque pays membre. Si la majorité n'est pas atteinte, l'Union Européenne peut lever les clauses de sauvegardes hongroises et autrichiennes. Quant aux clauses de sauvegarde de la France et de la Grèce, elles verront leur sort fixé au printemps.
Selon les associations de défense de l'environnement, "la suspension des cultures d'OGM doit être maintenue au nom du principe de précaution et du droit des consommateurs et des agriculteurs à consommer et produire sans OGM".
Selon l'Eurobaromètre publié en mars 2008, 58 % des européens sont défavorables aux cultures OGM.