Une étude de l'Institut de Veille Sanitaire (INVS) démontre les dangers des vieux incinérateurs pour la santé publique. Les dioxines émises par ces anciens incinérateurs sont encore présentes dans les sols. Un lien entre incinérateur et augmentation du risque de cancer est constaté, mais pas officiellement reconnu.
La France détient le plus grand parc d'incinérateur européen, et l'incinération représente encore la première filière d'élimination des déchets ménagers. 128 incinérateurs brûlent 40 % des déchets domestiques dans l'hexagone.
Les rejets polluants issus des incinérateurs soulèvent de nombreuses inquiétudes.
Une directive européenne datant de 2000 a considérablement réduit les émissions de polluants des usines d'incinération, et il est établi depuis 2005 par l'INVS que les incinérateurs modernes ne contaminent pas leurs riverains à la dioxine.
Mais les dioxines rejetées par les vieux incinérateurs sont persistantes et sont encore retrouvées dans les sols aujourd'hui. Des teneurs élevées en dioxine ont été relevées dans les produits d'origine animale, notamment les œufs de poule, sur des sites proches d'anciennes usines d'incinération.
Un lien entre présence d'incinérateur et cancer a été établi par l'équipe de Jean-François Viel, lors d'une étude sur l'incinérateur de Besançon et ses riverains. Elle concluait à "un excès de sarcomes des tissus mous et de lymphomes malins non hodgkiniens (maladies du sang par la prolifération maligne de cellules dans tout l'organisme, ndlr), entre 1980 et 1995, chez les riverains de cette usine ayant rejeté dans l’atmosphère des fumées dont la teneur en dioxines allait jusqu’à 16,3 ng I-TEQ/m3 (valeur limite légale tolérée : 0,1 ng/m3)" explique l'INVS.
Concernant l'incinérateur de Gilly-sur-Isère, des élus et un médecin du village "ont signalé à l’administration publique un nombre de cancers perçu comme étant anormalement élevé. Les analyses chimiques qui ont été réalisées, révélant des concentrations élevées de dioxines, ont entraîné la fermeture de l’incinérateur puis l’abattage massif du bétail et le retrait des produits alimentaires et du foin contaminés".
Le lien de cause à effet entre les cas de cancer en excès et les quantités élevées de polluants émis par les incinérateurs n'a pourtant pas été officiellement établi. "Toutefois, en regard de l’incertitude sur les temps de latence d’apparition des cancers, on ne peut exclure que les expositions passées depuis les années 70 puissent encore aujourd’hui favoriser la survenue de cancers" déclarait l'INVS.