L'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement (Afsset) préconise un renforcement de la réglementation sur l'amiante, et demande un abaissement des seuils réglementaires d'exposition.
L'utilisation de l'amiante a été interdite en France en 1997, alors que sa dangerosité pour la santé humaine avait été constatée depuis le début du siècle. L'amiante, utilisée massivement dans tous types de matériaux de construction pour ses vertus d'isolation phonique ou sa résistance au feu, est encore présente dans la plupart des bâtiments construits avant son interdiction.
Les travaux de désamiantage ont été entrepris depuis 10 ans, mais les sources d'exposition à l'amiante sont encore nombreuses dans les bâtiments, à cause de sa présence dans les cloisons, les faux-plafonds ou les dalles de sol.
La réglementation qui encadre l'amiante ne prenait pas en compte jusqu'à présent les fibres fines, d'un diamètre inférieur à 0,2 microns, dont "rien ne permet d'écarter un effet cancérogène" selon un avis récent de l'Afsset.
Dans ce cadre, le ministère de l'écologie (MEEDDAT) souhaite réexaminer la valeur limite d’exposition à l'amiante en milieu professionnel, réviser le seuil de déclenchement des travaux de désamiantage, et recenser les zones amiantifères sur tout le territoire national.
Les expositions répétées à l'amiante, même courtes, peuvent provoquer de graves pathologies dues à l’inhalation des particules d'amiante dans l’air : les cancers du poumon et mésothéliomes se déclarent en moyenne 20 à 40 ans après le début de l’exposition. Selon le Professeur Marcel Goldberg, spécialiste des conséquences sanitaires de l'amiante, l'amiante pourrait avoir tué 100 000 personnes d'ici 2025.
"Le Programme National de Surveillance des Mésothéliomes (PNSM) mis en place par l’Institut de Veille Sanitaire dès1998 doit être renforcé pour mieux répondre à toutes les questions relatives à la connaissance et au suivi des effets à long terme de l’exposition à l’amiante" explique le MEEDDAT, qui demande "un enregistrement obligatoire de tous les cas de mésothéliomes survenant dans la population sur l’ensemble du territoire, quelle que soit la localisation de la tumeur".
Dans le cadre de la Convention de Rotterdam, qui recense les autorisations d'utilisation des produits chimiques ou pesticides, l'amiante chrysotile ne sera sans doute pas inscrite sur la liste des produits dangereux, le Canada, un des principaux pays exportateur, faisant pression à ce sujet.