La loi Bachelot sur la réforme de l'hôpital sera en examen à l'Assemblée Nationale pendant 3 semaines. Une réforme nécessaire de l'avis de tous, mais des réticences émanant de tous les bords politiques sont omniprésentes.
Les députés examinent le projet de loi "Hôpital, patient, santé, territoire" de la ministre de la santé Roselyne Bachelot, axé sur le renforcement du pouvoir du directeur de l'établissement, sur la possibilité de créer des communautés hospitalières permettant le regroupement d’hôpitaux, et sur la création des Agences régionales de santé (ARS) notamment.
"Depuis des années, j’entends dire qu’il faut lutter contre les inégalités territoriales d’accès aux soins et les déserts médicaux. Grâce à ce projet de loi, nous disposons d’une matrice offrant les outils pour nous aider à mettre en œuvre nos ambitions" déclarait la ministre hier à l'Assemblée.
Les déserts médicaux représentent justement un des points d'inquiétudes de cette réforme, au même titre que l'absence de mesures au niveau de la répartition des médecins sur le territoire. La majorité y est également sensible, à l'image du député UMP Marc Le Fur, qui affirme qu'il faut "tarir l'installation des médecins là où la démographie est suffisante ou excessive et l'encourager ailleurs".
L'opposition déplore un réforme "qui pose des questions mais n'apporte aucune réponse", avec des objectifs "purement financiers" et une marchandisation de la santé au sein de l'hôpital public, qui ressemblerait désormais à une entreprise contrainte à la rentabilité plutôt qu'à un établissement dont l'objectif est de prendre en charge le mieux possible les malades.
Selon Marisol Touraine, députée PS d'Indre-et-Loire interview par le Point, "ce projet de loi ne répond absolument pas aux problèmes que rencontre notre système de santé, qui est confronté à des défis importants. Celui de la désertification médicale dans des pans entiers du territoire, celui du vieillissement, de la sophistication thérapeutique... Tout cela représente une charge à laquelle il faut être capable de répondre. Sur un certain nombre de points, c'est le silence absolu".
Des manifestants étaient présents devant l'Assemblée pour demander le retrait de la loi Bachelot, à l'appel de plusieurs syndicats de la santé de la région parisienne. "Maintien de tous nos hôpitaux", "des moyens humains pour le soin", "la loi Bachelot tue l'hosto" étaient scandés par les manifestants.
De nombreux amendements seront débattus tout au long de ces trois semaines. Le Sénat examinera ensuite le texte en avril ou en mai.