Les polémiques enflent après le rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) qui déclare l'innocuité des OGM : ce rapport est contesté, ainsi que les circonstances de sa publication.
Le quotidien Le Figaro révélait ce matin "un rapport tenu secret" de l'Afssa qui affirme la non-dangerosité de la consommation d'Organisme Génétiquement Modifié (OGM) pour l'homme.
L'Afssa conteste tous les arguments d'ordre sanitaire allant à l'encontre de la consommation d'OGM, et notamment ceux du rapport du Professeur Yvon le Maho, qui avait contribué à l'adoption de la clause de sauvegarde en France, interdisant la culture du maïs MON 810.
Le rapport de l'Afssa voit le jour alors que le ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo a rendez-vous le 16 février prochain à la Commission européenne pour défendre la clause de sauvegarde appliquée par la France.
La publication subite de ce rapport a manifestement "pour objectif de déstabiliser Jean-Louis Borloo" avant son oral européen, selon l'ancien porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové. Les conclusions de l'Afssa sont selon lui un "coup de force du lobby pro-OGM".
La neutralité de l'Afssa vis-à-vis des OGM ainsi que la qualité de ses études sur le sujet est majoritairement remise en cause par les écologistes, ainsi que par certains scientifiques.
"Quand on sait qu'aucune étude publique n'a été menée directement pour étudier le comportement de rats ayant consommé des OGM, que les seules études disponibles sont celles des producteurs de maïs" et que Michel Barnier, ministre de l'agriculture "refuse de communiquer les études précisément sur le MON 810, on comprend l'opération de manipulation en cours" a déclaré Corinne Lepage.
Avis partagé par Pierre-Henri Gouyon, scientifique du CNRS : "sur le plan sanitaire, nous avons soulevé avec Yvon Le Maho l'absence de connaissance des effets à long terme: on regarde l'effet sur des rongeurs à 90 jours mais on ne regarde même pas ce que ça donne à la génération suivante. C'est scandaleux" s'est-t-il insurgé, lors d'une interview à l'AFP.
"Il y a des gens qui pensent que l'essentiel est de faire tourner le commerce et d'autres qui pensent qu'il faudrait quand même mettre un minimum de précautions dans le système. L'Afssa est clairement dans la première option", a-t-il accusé.
Pour Greenpeace, "le rapport de l'Afssa ne répond pas aux préoccupations qui ont justifié la clause de sauvegarde française, prise en vertu de principes écologiques et non de principes sanitaires de court terme. Sa sortie dans ces conditions n'est qu'une grossière manipulation des groupements d'intérêt pro-OGM".
Le ministère de l'écologie s'engage à tenir son cap, et minimise l'impact de la publication du rapport dans un communiqué : "le fondement de la clause de sauvegarde repose sur des risques jugés sérieux pour l'environnement et non pas sur des risques sanitaires, objet de l'avis de ce jour de l'Afssa" précise-t-il.
Pascale Briand, Directrice Générale de l'Afssa, a déclaré à Reuters à propos de la "fuite" du Figaro, "Franchement, je ne sais pas à qui profite le crime. Pour le citoyen je ne vois pas en quoi ça va être plus éclairant", a-t-elle déclaré, soulignant "qu'il n'y a pas de changement de position de l'Afssa".