Un rapport de l'association de protection de l'environnement "Les Amis de la Terre" intitulé "Alimenter la destruction en Amérique Latine" dénonce l'impact négatif de la production d'agrocarburants sur les populations locales et l'environnement.
7 pays d'Amérique Latine cultivant massivement des agrocarburants (appelés aussi biocarburants, ndlr), ont été étudiés par les Amis de la Terre. Le constat est alarmant, et confirme diverses études précédemment réalisées sur l'impact de leur culture.
La rentabilité financière des agrocarburants bénéficie aux grands propriétaires terriens et aux multinationales car ils profitent de dispositions fiscales et foncières très favorables à leur culture.
"L’absence de planification de l’usage des terres et l’opacité dans le secteur nourrissent la corruption et les conflits d’intérêts, les gouvernements fermant souvent les yeux face à des activités illégales des producteurs et des propriétaires. Les principaux bénéficiaires sont les gros producteurs, traders et investisseurs, aux dépens des populations locales et de l’environnement", déplore Adrian Bebb, des Amis de la Terre Europe.
"Les conditions de travail sont extrêmement faibles, parfois proches de l’esclavage. Le travail forcé des enfants existe dans plusieurs pays. En outre, les superficies de terres exigées par les agrocarburants entraînent des déplacements forcés de communautés locales, avec des conflits sur le droit à la terre dans tous les pays étudiés, aggravés par la spéculation foncière et l’usage de la violence dans certains cas", explique Lucia Ortiz, des Amis de la Terre Brésil.
De plus, la culture des biocarburants a des impacts très négatifs sur l'environnement : l'agriculture intensive pratiquée nécessite de grandes quantité de pesticides et d'engrais chimiques qui polluent les sols et l'eau, et présentent des risques sanitaires pour les populations locales et celles qui sont employées dans les exploitations.
Le besoin toujours plus grand de terres cultivables aggrave la déforestation et la destruction de la biodiversité. Les biocarburants détruisent le modèle de culture vivrière indispensable à l'alimentation familiale.
L'Union Européenne s'est fixé comme objectif 10 % de consommation de biocarburant dans les transports à l'horizon 2020. Cette décision, très controversée, est en cours de débat, afin d'inclure éventuellement des énergies renouvelables dans cet objectif de 10 %. Selon les Amis de la Terre, "pour stopper la destruction, l’Union européenne doit rejeter tout objectif contraignant d’incorporation dans les transports".
Les biocarburants se révèlent également problématiques en matière d'alimentation mondiale : ils auraient un rôle significatif dans la flambée des prix des denrées alimentaires responsables de la crise alimentaire mondiale qui sévit aujourd'hui.