Philippe Meunier, député UMP du Rhône, a remis un rapport sur la pollution du Rhône au PCB, accablant concernant la responsabilité de l'État dans ce scandale.
La commission des affaires économiques de l'assemblée nationale a reçu le rapport de Philippe Meunier hier, attestant que des industries de la vallée du Rhône ont eu l'autorisation de rejeter du PCB, polluant persistant et très toxique, dans le fleuve pendant des années.
Les PCB sont particulièrement dangereux pour les enfants et les femmes enceintes, pouvant provoquer des troubles neurologiques, des atteintes du système immunitaire chez le nourisson, et favoriseraient le développement de cancers.
Ces rejets ont provoqué "une contamination générale de la planète". Les PCB se retrouvent dans les rivières, les sols, les sédiments, l'air... 1,4 million de tonnes ont été produites dans le monde dont 400 000 disséminées dans la nature. C'est l'entreprise Monsanto qui fut le premier producteur mondial de ce produit toxique.
Une directive européenne de 1985 généralise l'interdiction des PCB, et la France laisse traîner les choses : elle fait de même concernant une directive européenne de 1996 prévoyant un plan de décontamination, pour laquelle elle est d'ailleurs condamnée par l'Europe en 2002.
Philippe Meunier accuse "l'immobilisme" et le "manque de réactivité" des pouvoirs publics face à cette pollution grave. "Il y a dans l'administration, une absence d'organisation rationnelle pour faire face à ce type de pollution, puisque quatre ministères sont concernés. La réaction des pouvoirs publics a tardé, déplore le député. Dès 1986, il y a eu une première alerte à la pollution. L'Etat n'a pas été capable de prendre des mesures sur la consommation des poissons, qui étaient beaucoup plus contaminés qu'aujourd'hui" a-t-il déploré.
"La décontamination totale n'est pas envisageable. Cela coûterait 10 milliards d'euros. Et plus, on soulève les sédiments, plus on diffuse la pollution" a ajouté le député UMP de Meyzieu.
Il fait 34 propositions pour tenter de résoudre cette crise, et souhaite réorganiser l'administration pour qu'elle soit capable de réagir et faire face à ce type de problème.
Il préconise notamment de tracer et d'afficher les poissons en provenance du fleuve, afin que le citoyen puisse varier sa consommation de poisson, ainsi que le traitement des sédiments dans les zones les plus touchées.
Philippe Meunier a également demandé un nouvel inventaire des pollutions, le précédent ayant été "baclé" selon lui. Le Rhône pourrait faire figure d'exemple, car il est probable que d'autres cours d'eau français subissent des pollutions similaires.