Le Sommet de Rome de la FAO réunissant 181 pays afin de trouver une issue à la grave crise alimentaire mondiale et à la faim dans le monde s'est conclu sur un accord bien insuffisant.
850 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, et la hausse des prix des denrées alimentaires de base affame 100 millions de personnes supplémentaires.
Plus de 6,5 milliards de dollars de promesses de dons pour lutter contre la faim et la pauvreté vont être recueillis, a annoncé Jacques Diouf, directeur de la FAO.
Cette somme représente cependant moins de la moitié du montant nécessaire pour enrayer la faim dans le monde sur une année. De plus, la destination de ces fonds reste floue : aide alimentaire d'urgence, financement de projets agricoles ? Aucune précision sur l'objectif de ces promesses de dons n'a été apportée.
Le voeux pieux de réduction de la moitié des personnes souffrant de la faim d'ici 2015 a été déclaré ; les mêmes engagements ont déjà été pris en 1974, en 1996 et en 2000, sans résultats.
Aucun accord n'a été pris sur les biocarburants, pourtant responsables du retrait de 100 millions de tonnes de denrées alimentaires sur le marché mondial.
De plus, le système agricole actuel qui défavorise les agriculteurs des pays en voie de développement, pourtant dénoncé par le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, n'a pas été remis en cause dans les actes.
Jean Ziegler, ancien rapporteur de l'ONU sur le droit à l'alimentation, déclare dans une interview au journal Le Monde que "la priorité absolue dans les pays les plus pauvres est aux investissements dans l'agriculture vivrière, familiale et de subsistance".
"Le résultat de cette conférence est totalement scandaleux : l'intérêt privé s'est imposé, au lieu de l'intérêt collectif. Les décisions prises à Rome risquent d'aggraver la faim dans le monde, au lieu de la combattre", s'insurge-t-il.
Selon lui, il faut "retirer de la Bourse la fixation des prix des aliments de base, et instaurer un système où le pays producteur négocie directement avec le pays consommateur pour exclure le gain spéculatif"
Le Vénézuela et l'Argentine ont refusé d'adhérer à la proposition finale. Cuba a vivement critiqué le "manque de volonté des pays du Nord" et a mis en cause un texte qui "ne fait pas référence aux conséquences des subventions et de la spéculation".
"Les conclusions du sommet sont le résultat du manque de volonté de la part des gouvernements de protéger véritablement les populations les plus pauvres et vulnérables", a déclaré l'association Actionaid.