La promesse du général birman Than Shwe au secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, de laisser librement rentrer les travailleurs humanitaires dans la zone sinistrée par le cyclone, semble n'être tenue qu'en partie.
Alors que des progrès avaient été constatés au cours de la semaine pour fournir des visas aux humanitaires qui attendaient désespérément depuis plus de trois semaines l'autorisation d'accès au delta de l'Irrawady, des attitudes de blocage de la junte sont toujours très présentes.
"Le gouvernement birman use encore de sa bureaucratie pour faire obstruction à certains efforts humanitaires alors qu'il devrait accepter toute l'aide immédiatement et sans condition", déclare Human Rights Watch dans un communiqué.
De nombreux travailleurs humanitaires attendaient encore leurs visas, que l'administration birmane met 2 jours à traiter, alors que des millions de rescapés du cyclone n'ont pas encore d'accès à l'aide.
La Croix Rouge attend toujours l'autorisation pour 30 de ses employés, ainsi que d'autres ONG, qui sont dans la même situation.
Des moines condamnent également l'attitude des militaires qui bloquent des cargaisons de vivres dans un entrepôt de l'armée à Kungyangon.
"L'attitude du gouvernement est inacceptable. Il nous est interdit de nous occuper de la population" s'insurge un moine, qui tente de faire parvenir des vivres à Rangoun.
La chef du bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies a appelé "à la mise en œuvre rapide de tous les accords, sur l'accès, les visas et l'utilisation des moyens logistiques".
De surcroît, la junte militaire n'a pas apprécié les critiques de toute la communauté internationale concernant le prolongement de l'assignation à domicile de la chef de l'opposition Aung San Suu Kyi.
Les autorités ont donc décidé de dénigrer l'aide : "les gens du delta de l'Irrawaddy peuvent survivre par eux-mêmes, sans les barres de chocolat données par la communauté internationale", a assuré le quotidien Ahlin, organe de presse du pouvoir. "Les sinistrés peuvent vivre des légumes frais qui poussent dans les champs sauvages et du poisson riche en protéine des fleuves" a ajouté le journal tenu par la junte.
Il est entendu que les humanitaires ne distribuent jamais de chocolat dans les zones tropicales.
De plus, la junte ayant réclamé 7 milliards d'euros pour la reconstruction, elle a sévèrement condamné les promesses de dons internationales qui s'élèvent à 100 millions d'euros.
Quasiment un mois après le passage du cyclone Nargis, 2,4 millions de Birmans sont toujours dans une situation très critique : ils ont besoin de vivres, de médicaments, d'abris. Selon le dernier bilan, le cyclône aurait fait 134 000 morts.