Le magazine allemand Stern révèle que l'espionnage des salariés dans la grande distribution est une pratique très répandue en Allemagne. Des détectives privés épluchent les faits et gestes, jusqu'à la vie personnelle des employés.
150 rapports rédigés par des détectives privés, engagés pour espionner les salariés de plusieurs enseignes ont été collectés par le magazine allemand : la presse allemande parle d'une "pratique de masse" dans les entreprises.
L'attitude et les plaintes vis-à-vis du travail, ainsi que les problèmes familiaux, de santé, sentimentaux, d'alcool... tout est détaillé dans ces enquêtes.
Quelques exemples de remarques sur les employés ont été publiés par Novethic : "Monsieur U. se plaint du surcroît de travail qui n’est pas rémunéré. Si ce surcroît de travail ne devait pas être payé, alors Monsieur U. veut une fois de plus démissionner. Remarque personnelle : Monsieur U. a actuellement des problèmes avec sa femmes qui vient d’Albanie. Il a un fils de deux ans".
"Madame M. est très lente, mais consciencieuse. Les bouteilles vides consignées sont jetées une par une dans la boîte. La même chose pour le transfert de caisse, tout dure très longtemps. Madame M. me rappelle beaucoup les vendeuses des petites épiceries du coin d’il y a 25 ans. De manière générale, sa manière de travailler est dépassée. Le superviseur en est conscient. »
L'hebdomadaire allemand Der Spiegel ne manque pas de rappeler la similitude de ces pratiques avec celles de la Stasi. Il les qualifie de "Stasi Methoden".
Le scandale a éclaté au sein du discounter Lidl. Il a reconnu avoir placé des caméras de surveillance à l'insu des employés, et mandatés des détectives qui se sont introduits dans la vie privée des salariés de 220 magasins en Allemagne.
Des pertes de stocks et des vols au sein des magasins ont été mis en avant pour justifier l'espionnage.
Lidl a présenté publiquement ses excuses à ses salariés et ses clients, et a promis de ne plus recommencer. Le discounter leur a versé 300 euros de prime exceptionnelle. Une campagne de communication a été lancée pour que les clients ne désertent pas les magasins : "Boycotter Lidl, c'est menacer 48000 emplois".
Le Président du groupe a reconnu que cette affaire d'espionnage avait des répercussions sur le chiffre d'affaires.
Les médias allemand ont révélé d'autres pratiques de ce type, notamment chez Burger King, Ikea, l'enseigne de distribution Rewe...
Des agences de détectives surfent sur la vague, en proposant ouvertement des prestations d'espionnage de salariés. Des logiciels de surveillance informatique, qui une fois installés sur l'ordinateur, révèlent chaque frappe sur le clavier, chaque clic effectué, jusqu'aux mots de passe, ont été vendus à 100 000 exemplaires selon Novethic.