La Banque Mondiale estime que la flambée des prix de l'alimentation ces dernières années pourrait affamer 100 millions de personnes, en plus des 854 millions déjà sous-alimentées, ce qui serait le début d'une longue période de conflits et d'émeutes.
L'envolée des prix des denrées alimentaires de base comme le riz, le blé, le maïs ou le lait, provoque une grave crise alimentaire mondiale.
Jean Ziegler, rapporteur des Nations Unies pour l'alimentation, s'est exprimé sur le sujet lors d'une interview au journal Libération : "On va vers une très longue période d’émeutes, de conflits, des vagues de déstabilisation régionale incontrôlable, marquée au fer rouge du désespoir des populations les plus vulnérables. Avant la flambée des prix déjà, un enfant de moins de 10 ans mourait toutes les 5 secondes, 854 millions de personnes étaient gravement sous-alimentées ! C’est une hécatombe annoncée".
Il souligne que les ménages des pays en voie de développement consomment 60 à 90 % de leur budget dans l'alimentation, contre 10 à 20 % dans les pays développés.
Le Fond Monétaire International et la Banque Mondial considèrent que 33 pays sont menacés de troubles politiques graves.
Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), 37 pays sont menacés de crises alimentaires.
Des manifestations violentes se sont déjà déroulées aux Philippines, en Indonésie, en Haïti, et dans de nombreux pays africains tels que le Cameroun, la Mauritanie, l'Egypte, l'Ethiopie, la Côte d'Ivoire...
Les causes de cette crise alimentaire sont nombreuses : la crise financière, qui voit des spéculations sur les matières alimentaires, contribue fortement à la hausse des prix ; l'augmentation de la consommation de viande nécessite des quantités énormes de céréales ; le réchauffement climatique et l'agriculture intensive appauvrissent les sols ; les produits subventionnés des pays riches sont innaccessibles et insurmontables pour les pays pauvres... et les biocarburants qui consacrent les denrées alimentaires de base aux pleins des automobiles.
Uniquement aux Etats-Unis, 138 millions de tonnes de maïs sont consacrés aux biocarburants, au lieu de figurer sur le marché alimentaire.
Jean Ziegler rappelle dans une autre interview à Libération que "pour faire un plein de 50 litres avec du bioéthanol, il faut brûler 232 kg de maïs. Avec ça, un enfant zambien ou mexicain vit une année".
Robert Zoellick, Président de la Banque Mondiale, a augmenté les aides pour que les gouvernenements puissent répondre à la crise, et a doublé les prêts agricoles, notamment en Afrique. "Nous devons mettre de la nourriture dans des bouches qui ont faim. C'est aussi abrupt que cela", a-t-il déclaré.